L’histoire de la machine à écrire

Courte histoire des machines à écrire.

La première machine à écrire fut peut-être un caillou utilisé par un de nos lointains ancêtres pour graver un pictogramme sur la paroi d’une grotte, et si depuis ce jour la volonté de reproduire une idée sous forme de langage écrit n’a jamais bougé, la machine, par contre, a beaucoup changé. D’abord en Égypte, trois mille ans avant Jésus-Christ, avec l’invention du papyrus, un papier tiré de la plante du même nom sur lequel le scribe écrivait avec un roseau aiguisé. Puis au début de l’ère chrétienne, avec le parchemin, une peau de mouton ou de chèvre tannée que le moine copiste garnissait d’écriture à la plume d’oie ou à la tige de roseau taillées. Une nouvelle fois au onzième siècle avec le papier, introduit en Occident par les Musulmans, puis propagé vers le nord pour arriver en France aux treizième et quatorzième siècles.

En 1440 Gutenberg rompt cette lente évolution, il invente l’imprimerie.

Trois siècles encore, puis les temps deviennent industriels et techniques, mûrs pour toutes les inventions. En 1714 l’Anglais Henry Mill dépose un brevet d’impression et de transcription de lettres. Entre 1753 et 1760 l’Allemand Friedrich von Knauss construit quatre modèles différents d’un automate qui écrit de courtes phrases. En 1762 le Viennois Joseph von Neipperg tire les plans d’une machine jamais construite. Ce sont des balbutiements, mais le mouvement est lancé, et quand en 1762 le Hongrois Wolfgang Kempelen offre à une pianiste aveugle une machine pour lui permettre d’écrire, il aboutit, la première véritable machine à écrire est née.

De nombreux inventeurs apparaissent alors, qui rivalisent d’ingéniosité. Les Italiens Pellegrino Turri en 1808, qui en plus d’une machine performante crée le papier carbone, Pietro Conti en 1823, Celestino Galli en 1830. Les Français Xavier Progin en 1833, qui invente la barre à caractère, Gustave Bidet en 1837, qui invente le rouleau. Les Nord-Américains William Burt en 1830 avec le Typographer, Charles Thurber en 1845 avec le Chirographer, G.A. Hugues en 1850 avec le Typograph.

En 1843 Pierre Foucault construit une machine pour aveugle avec laquelle, améliorée, il remporte un prix à Londres en 1851. Il commence aussi à penser à une application pour bureau.

Bien des hommes encore marquent ces années d’invention pure, dont l’Italien Giuseppe Ravizza, qui, à partir de 1837, crée dix-sept machines et est le premier à utiliser un ruban enroulé pour l’impression, l’Anglais Charles Wheatstone, qui travaille surtout sur le télégraphe, l’Écossais Peter Hood, le Français Charles Guillemot, l’Américain Samuel Francis, l’Autrichien Peter Mitterhofer, le Danois Rasmus Malling Hansen avec sa Writting Ball, mais ceux qui vont faire franchir un nouveau pas sont Christopher Latham Sholes et Carlos Glidden : en 1867 ils inventent une machine, la Type Writer, qui, perfectionnée, deviendra en 1873, avec l’aide du financier James Densmore et de l’industriel Philo Remington, la première machine à écrire commercialisée. Elle restera dans l’histoire sous le nom de Sholes and Glidden.

Dès lors un marché va naître, de plus en plus important, alimenté par de nombreuses marques, elles-mêmes servies par des capacités de production en constante augmentation.

Les machines produites fonctionnent encore sur des principes différents, machines à index, à barillet, à manchon, à barres à frappe radiale, par derrière, par en-dessous, en sauterelle, etc., mais deux hommes vont changer cela, Xavier Wagner et John T. Underwood. En 1895 ils finissent de mettre au point l’Underwood 1, une machine si bien pensée que bientôt tous les fabricants, à de rares exceptions près, Oliver, Hammond, Mignon, devront l’imiter pour continuer à vendre : barres à caractères sur quatre rangées guidées par un segment, frappe par le devant, rationalisation du clavier, système d’impression à ruban.

Puis un nouveau siècle arrive, qui commence par une guerre. La production chute alors, pour, la paix venue, reprendre de plus belle.

Les années suivantes voient la diffusion des machines portables, elles aussi construites sur les principes de l’Underwood. Des marques françaises naissent, Japy, MAP, Contin.

Puis une deuxième guerre éclate, qui produit les mêmes effets que la première.

Quelques années passent, durant lesquelles les machines les plus performantes, les plus abouties sont construites, puis en 1961 sort sur le marché la Selectric de chez IBM, dernière révolution avant la fin. Des machines électriques avaient déjà été produites, mais sans succès commercial. Ce ne sera pas le cas cette fois. La Selectric, qui en partie reprend un principe de frappe du dix-neuvième siècle, celui de la Blickensderfer, va connaître un succès tel qu’elle va provoquer la disparition des machines mécaniques.

Puis quelques machines électroniques sortent encore, dernier sursaut, et l’ordinateur arrive. La reproduction du langage écrit prend alors de nouvelles voies et, sauf en collection, l’aventure de la machine à écrire mécanique est finie. / Texte de Marc Pellacoeur

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